Manoeuvre artistique : mai - juin
Hôpitaux Hôtel-Dieu, Saint-Luc, Notre-Dame et Maisonneuve-Rosemont
Le patient attend dans la salle d’attente.
Le patient. L’attente. La salle.
On ne se retrouve pas dans une salle d’attente d’hôpital par envie. C’est le corps qui détermine le moment de s’y rendre ; l’esprit suit, comme il peut. En ce lieu, l’esprit se trouve dans un état latent, qu’on pourrait simplifier en le qualifiant d’anticipation de la bonne ou de la mauvaise nouvelle. L’attente est un état favorisant la projection de soi hors du lieu et du temps présent. À l’hôpital, l’individualisation des notions physiques et psychiques advient dans l’attente, peut-être parce que le patient est — légitimement — préoccupé par sa propre condition de malade et par ses espoirs et désespoirs intimes ; une certaine surabondance émotionnelle y est manifeste. Cela engendre inévitablement la désincarnation du lieu puisqu’en fin de compte, la salle d’attente est un espace transitoire dont tout jeu social est absent et où le temps porte un sens individuel.
La manoeuvre Monochromes est un geste répété dans plusieurs salles d’attente d’hôpital. Maude Pilon S., postée derrière un chevalet au milieu de l’espace, choisit de se trouver en ce lieu. Elle détermine également le sujet à peindre : le mur devant elle. Blanc, gris, beige, vert, orange, rose, bleu, jaune ; les couleurs des salles d’attente varient. Une série de monochromes aux couleurs des murs des hôpitaux Hôtel-Dieu, Saint-Luc, Notre-Dame et Maisonneuve-Rosemont sera produite au cours de ces performances.
Monochromes propose d’incarner la salle d’attente en renversant les relations causales et contextuelles qui lui sont propres. La manoeuvre consiste donc en la socialisation du lieu par la conscientisation de l’espace et du temps de l’attente.
La salle. L’attente. Le patient.
La salle d’attente où attend le patient.
Depuis plus d’un an, le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) s’est engagé dans une démarche d’intégration des arts et de la culture en milieux de soins. Selon M. Christian Paire, directeur général du CHUM, cette approche permet à l’esthétique et à l’émotion d'apporter une autre teinte à l'atmosphère de l’hôpital, tout en reconnaissant et en valorisant la dimension humaine de chaque individu. Concerts dans les unités de soins, expositions, performances d’artistes, les activités Arts et culture à l’hôpital s’intègrent au quotidien du CHUM, pour le bénéfice des patients, des visiteurs et du personnel.
Le projet Monochromes de l’artiste Maude Pilon S. s’inscrit dans une volonté du CHUM de s’ouvrir à des formes artistiques contemporaines et ainsi donner lieu à des rencontres stimulantes entre les membres de la communauté hospitalière et des artistes actuels.
- Mathieu St-Gelais, délégué culturel du CHUM
Le projet proposé par Maude Pilon S. nous intéresse pour l’intention de communiquer autrement avec les patients qui fréquentent les salles d’attente des hôpitaux. En réalisant Monochromes, l’artiste propose un répit d’émotions négatives et d’anxiété, nourries normalement par l’état d’introspection dans lequel se trouve le patient expérimentant le temps d’attente. Cette proposition innovante de dialogue entre un artiste et les patients pour une expérience nouvelle de la salle d’attente va de pair avec notre première valeur, celle du patient et son bien-être.
- La direction de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.
Maude remercie articule pour son précieux soutien, Mathieu St-Gelais, délégué culturel au CHUM et Céline Béland, chef du service des bénévoles de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont pour leur ouverture, leur confiance, leur sensibilité et leur enthousiasme.
Maude Pilon S. présente des projets littéraires, des installations et des performances. « L’art contextuel » et « l’art relationnel » sont des termes pratiques. Elle s’intéresse aux lieux et aux différents interstices relationnels qui existent en ces lieux. Elle prend toujours plaisir à mesurer l’action de l’art dans le quotidien et l’action du quotidien dans l’art. Souvent, ses projets commencent avec les mots et finissent avec les mots. Des manifestations de son travail ont eu lieu en Angleterre, en France et au Québec depuis 2004.