Dans son travail, Marigold Santos explore les manières par lesquelles le soi peut devenir multiple, fragmenté et disloqué, puis réinventé et recréée à travers le prisme de ce qu’on considère comme son domicile. Son vocabulaire visuel comprend la figure récurrente du Asuang, une vile créature mythologique du folklore philippin. L’identité inhérente de cette créature est multiple : à la fois vampire et sorcière suceuse de viscères, elle a le pouvoir de se fragmenter physiquement, et plus spécifiquement, de se segmenter au niveau de la taille. L’Asuang représente un corps toujours en devenir et qui fait face à des contradictions émergeant de sa pluralité même. En alliant des récits du passé et du présent, Santos construit ainsi une mythologie personnelle logée dans le fantastique et le surnaturel.

 

Pour cette exposition qui combine dessin et sculpture, l’idée de corps fragmenté et multiple est explorée à travers une hybridation des folklores philippin et occidental, de la culture pop des années 80 et 90 et des représentations de la boxe et de ses équipements qui servent à la protection du corps. Dessinant des parallèles absurdes entre la sorcellerie et la boxe, le travail proposé par Santos examine les éléments de force et de pouvoir compris dans un système de croyance, que ceux-ci s’attachent à un ensemble de mouvements articulés et coordonnés, aux objets qui deviennent des amulettes et des extensions de notre corps parce que nous y plaçons notre confiance, ou encore aux inéluctables duels avec nous-mêmes dans lesquels nous nous tenons à la fois liés et à distance, comme des opposants embrassés.

 

Les systèmes qui s’affrontent dans ce travail s’opposent et se définissent mutuellement. Ils sont le lieu d’une exploration du soi qui n’est pas fixe ou stable, mais qui célèbre la multiplicité et l’hybridité entre les notions de corps propre et les confrontations issues de l’autre monde. Ce conflit interne généré par l’impression simultanée de division et d’acceptation questionne le désir de stabilité, de préservation, de présence et de protection.

La pratique artistique interdisciplinaire de Marigold Santos comprend le dessin, l’impression, la sculpture, l'animation et le son. Son imagerie provient de folklores occidentaux et orientaux, de la culture pop, de la science et de mythes personnels transposés dans le surnaturel. Son travail s’intéresse à l’expérience particulière de la migration et de l’être fragmenté/multiple. Elle détient un baccalauréat en arts de l'Université de Calgary, et a complété sa maîtrise en arts à l'Université Concordia, à Montréal, Québec, en 2011. Elle est récipiendaire de nombreux prix tels que la bourse de la Faculté des Beaux-Arts (Concordia), et a obtenu une subvention du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) en 2013. Son travail a été présenté dans des expositions individuelles dans l’espace bunker de la Parisian Laundry, à ACE art à Winnipeg, au Khyber Center for the Arts à Halifax et, plus récemment, dans une exposition à Truck Gallery à Calgary. Les projets à venir comprennent des expositions à la Galerie ODD à Dawson City, Yukon, et à la Forest City Gallery de London, en Ontario. Elle réside et travaille actuellement à Montréal, Québec.