03/09/2012 - 00:00

En Deux Mots 

Pour Carl Trahan, ce texte, avant de représenter sa pratique artistique, serait une surface plane recouverte de traits noirs assemblés en un ordre quelconque. Des lettres avec une police de caractère possédant une histoire. Ensuite, de cette matière codée, émane le sens. Mais lequel? 

Partageant son temps entre Montréal et Berlin, Carl Trahan s’intéresse à la relation entre l’allemand et le français. En mettant en relation ces deux langues, il rend visible l’espace qui les sépare et les unit; ses traductions visuelles déplacent ces langages vers de nouveaux territoires. On ne s’étonnera pas que son travail soit multiforme : le plomb, le graphite, un dictionnaire, un crayon… Les matières mêmes d’incarnation du texte sont utilisées, et la galerie agit comme espace spatio-textuel où « le Verbe se fait chair ».

La traduction fut, pour un temps, l’outil privilégié par Trahan pour observer les mouvements du langage à travers l’espace-texte. Dans ses travaux récents, il s’interroge davantage sur la représentation du langage par le pouvoir, considérant son emploi sous le IIIe Reich. Qui forme le langage, comment celui-ci est il mis en scène ? La référence historique possèderait une résonance contemporaine, en regard de la montée du conservatisme et du langage démagogique de la droite dans plusieurs parties du globe, par exemple.

Avec Tous les mots nécessaires, Trahan propose un travail sous-tendu par la traduction dans sa notion fondamentale d’encodage. Il observe que les clefs du code peuvent êtres manipulées par un nombre restreint d’individus. Le sens étant la somme de toutes les traductions, la porte est ouverte à toutes les formes de trahisons. À commencer par ce texte.

 

Jonathan Plante vit et travaille à Montréal. Sa pratique artistique s’intéresse aux différents états de l’image dans le passage entre l’œuvre et sa documentation. Ses œuvres font partie de collections privées et publiques dont celle du Musée d’art contemporain de Montréal. Il est représenté par la galerie Division.

 

Ce texte fait partie d’une série d’essais écrits par les membres de la galerie, portant une réflexion sur les expositions, recherches et projets présentés dans la programmation 2011-2012 d’articule. Le texte de Jonathan Plante a été produit à l’occasion de l’exposition Tous les mots nécessaires de Carl Trahan, présentée du 9 mars au 8 avril 2012. Il est également disponible sur notre site Internet.

 

 

Participating artists: 
Jonathan Plante
Credits: 
Translation from French : Claudine Hubert